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Cosmos 2416

De nombreux mouvements ont été produits depuis les années 30 en Russie soviétique. Les premières itérations furent basées sur des calibres existants, produits localement. Mais contrairement à ce que beaucoup pensent, les soviétiques n’ont pas seulement copié l’existant, ils ont aussi produit des créations originales.

Extrait d’un catalogue russe des années 60

Le 2416 1MChZ (sigle de la 1ere usine de montres de Moscou, plus tard renommée Poljot) est un calibre fin (3.9mm), automatique avec trotteuse centrale et date à aiguille. Il est apparu en 1963, après la variante plus commune avec date à guichet. Pour pouvoir réduire l’encombrement du calibre des solutions techniques intéressantes sont employées:

  • usuellement un module de remontage automatique est ajouté sur un calibre manuel; ici, la partie automatique est intégrée, au même niveau que le reste du rouage.
  • l’ancre est courbe pour gagner un peu de volume.
  • il y a une chaussée indirecte, le rouage compteur étant décalé pour laisser de l’espace au rouage de remontage.

  • Rouage compteur en bas à gauche, rouage de remontage auto en haut à droite, axe du rotor au centre

    La chaussée indirecte

    Le couplage entre ressort moteur, rouage de remontage automatique et rouage de remontage manuel est intelligemment fait, un rochet à deux étages est monté à carré sur le barillet. Ceci permet de remonter la montre sans dommage à la main (ce qui n’est pas le cas sur la plupart des montres automatiques modernes, le remontage manuel entrainant de l’usure prématurée).

    La roue à rochet permettant le remontage par la couronne ou le rotor

    La faible épaisseur du mouvement a permis de l’employer dans les fines montres de ville à la mode de l’époque, notamment les Poljot « De Luxe ». Le modèle « Kocmoc » (cosmos) est sans doute le seul modèle avec date à aiguille de la production soviétique. Habituellement trouvé dans des boites plaquées or, cet exemplaire est doté d’un boitier acier (probablement en remplacement d’un boitier original usé) avec marquage anglais, sans doute destiné à l’exportation.

    Une Cosmos, avec un cadran restauré

    La production de ces calibres plus complexes que la moyenne de la production soviétique s’est arrêtée au début des années 70, elle aura donc duré une dizaine d’années.

    Nomenclature du Poljot 2416 (avec date à guichet)

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    Chronographe cal. 31659

    J’ai déjà écrit une courte présentation de ces chronos militaires soviétiques (cliquer ici). Celui-ci a été acheté à Moscou en 1991 ou 1992 par son précédent propriétaire, un Allemand, qui l’a porté puis rangé quand il a cessé de fonctionner. Lorsqu’il est arrivé dans l’atelier, il semblait en bon état mais était bloqué. Le mouvement est pourtant solide, monté avec antichoc. Le balancier est OK, l’embrayage du chrono ne bloque pas la montre, il faut démonter pour voir plus loin, et finalement on trouve…

    Une roue édentée!

    Le rochet du barillet a perdu 12 dents, qui sont bien sûr allées se promener partout pour finalement bloquer le rouage. Panne rare, autant de dents cassées fait penser à un acier mal trempé, trop cassant. Pièce irréparable, donc à changer.

    Profitons-en pour regarder à l’intérieur, en particulier au niveau du levier stop, ce qui fait la différence avec le calibre 3133 plus courant. Ce levier arrête le balancier lorsque la couronne est tirée pour la mise à l’heure:

    La différence avec le 3133

    Avec un tournevis 0.6mm pour l’échelle:

    Vue du levier stop

    Rouage et éléments du chronographe

    Le mouvement de base (sans les fonctions chrono) est parfois très simple, c’est ici le cas : petite seconde, grand diamètre, 21600 A/h, très bien en terme de simplicité et de précision.

    Le mouvement de base

    On peut voir de gauche à droite : la roue entraineuse et l’ensemble d’embrayage, le pont de chronographe avec les mobiles de chronographe et de compteur minutes, la bascule inter compteurs, les leviers de commande (marche/arrêt et remise à zéro). Des vis partout, ne pas confondre vis simple et excentriques de réglage.

    Les pièces du chronographe, moins la came et les marteaux

    Chaque fonction (comptage des secondes, des minutes, remise à zéro, couplage du chrono, …) est déclenchée par la came qui centralise les commandes des leviers. La came est ici montée sous les marteaux de remise à zéro:

    La came

    Côté cadran

    Les Soviétiques n’utilisaient pas de systèmes antichoc occidentaux, ils avaient eux-mêmes développé de nombreuses solutions. Celui-ci ressemble à un Incabloc, mais les lyres ne sont pas articulées et doivent être démontées (!!) pour pouvoir accéder aux rubis:

    Antichoc à la soviétique, plus embêtant qu’un Incabloc

    Tout est remonté et réglé, elle est maintenant prête pour sa nouvelle carrière.

    Après remontage

    Un chronographe soviétique militaire 31659 ‘Sturmanskie’

    Note: Ce chrono ressemble beaucoup au Valjoux 7734, mais avec un plus petit balancier/une fréquence plus élevée et plus de rubis. Je n’ai pas non plus cherché à mélanger des pièces mais je pense que rien n’est directement compatible. Les Soviétiques se sont inspirés du Valjoux de manière évidente mais n’ont pas cherché à en faire une copie carbone!

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    Sturmanskie de l’armée de l’air soviétique, cal. 31659

    Le chronographe « Sturmanskie » (Штурманские, navigateur en russe) était une montre de dotation de l’armée de l’air soviétique, jamais disponible commercialement. Le mouvement était produit par la 1re usine de montres de Moscou, nommée « Kirov » en l’honneur de l’homme politique asassiné en 1934 et plus tard plus connue comme l’usine Poljot. Dans les années 50 le nom désignait une montre simple, avec levier stop. Il a été réutilisé au début des années 80 pour désigner un chronographe tout acier utilisant le bien connu calibre Poljot 3133. De nombreuses versions civiles en ont été dérivées, avec une grande variété de cadrans, toujours en boites laiton chromé.

    En 1987 la dernière version fut introduite: nouveau cadran sans télémètre, boite modifiée (toujours tout acier), aiguilles spéciales bleutées et un mouvement rarement vu dans des montres civiles, le Poljot 31659, un 3133 augmenté d’un levier stop. entre 1987 et 1991, quelques variantes de cadrans peuvent être rencontrées. En voici trois:

    Trois Sturmanskie de l’armée de l’air soviétique

    Le cadran gris clair est le plus courant, il fut fabriqué de 1987 à 1991 et utilisé dans des montres civiles en boite chromée. The cadran gris sur gris ne fut fabriqué qu’en 1987, les mouvements de ces montres semblent toujours avoir la date sur le pont de balancier. The cadran bleu clair/turquoise est plus rare, il date de 1989 approximativement.

    Une Sturmanskie de 1987

    Une Sturmanskie tardive, gris clair

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