J’ai déjà écrit une courte présentation de ces chronos militaires soviétiques (cliquer ici). Celui-ci a été acheté à Moscou en 1991 ou 1992 par son précédent propriétaire, un Allemand, qui l’a porté puis rangé quand il a cessé de fonctionner. Lorsqu’il est arrivé dans l’atelier, il semblait en bon état mais était bloqué. Le mouvement est pourtant solide, monté avec antichoc. Le balancier est OK, l’embrayage du chrono ne bloque pas la montre, il faut démonter pour voir plus loin, et finalement on trouve…
Le rochet du barillet a perdu 12 dents, qui sont bien sûr allées se promener partout pour finalement bloquer le rouage. Panne rare, autant de dents cassées fait penser à un acier mal trempé, trop cassant. Pièce irréparable, donc à changer.
Profitons-en pour regarder à l’intérieur, en particulier au niveau du levier stop, ce qui fait la différence avec le calibre 3133 plus courant. Ce levier arrête le balancier lorsque la couronne est tirée pour la mise à l’heure:
Avec un tournevis 0.6mm pour l’échelle:
Le mouvement de base (sans les fonctions chrono) est parfois très simple, c’est ici le cas : petite seconde, grand diamètre, 21600 A/h, très bien en terme de simplicité et de précision.
On peut voir de gauche à droite : la roue entraineuse et l’ensemble d’embrayage, le pont de chronographe avec les mobiles de chronographe et de compteur minutes, la bascule inter compteurs, les leviers de commande (marche/arrêt et remise à zéro). Des vis partout, ne pas confondre vis simple et excentriques de réglage.
Chaque fonction (comptage des secondes, des minutes, remise à zéro, couplage du chrono, …) est déclenchée par la came qui centralise les commandes des leviers. La came est ici montée sous les marteaux de remise à zéro:
Les Soviétiques n’utilisaient pas de systèmes antichoc occidentaux, ils avaient eux-mêmes développé de nombreuses solutions. Celui-ci ressemble à un Incabloc, mais les lyres ne sont pas articulées et doivent être démontées (!!) pour pouvoir accéder aux rubis:
Tout est remonté et réglé, elle est maintenant prête pour sa nouvelle carrière.
Note: Ce chrono ressemble beaucoup au Valjoux 7734, mais avec un plus petit balancier/une fréquence plus élevée et plus de rubis. Je n’ai pas non plus cherché à mélanger des pièces mais je pense que rien n’est directement compatible. Les Soviétiques se sont inspirés du Valjoux de manière évidente mais n’ont pas cherché à en faire une copie carbone!