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Stowa Beobachtungsuhr

Une « B-Uhr » Stowa

La « montre d’observation » de la Luftwaffe allemande de la seconde guerre mondiale est un grand classique de l’horlogerie. Ce type de montre était un instrument de navigation, porté à l’avant bras par dessus la combinaison de vol. Il n’était pas attribué à un pilote ou navigateur particulier mais était affecté en fonction de missions à remplir. L’Allemagne en temps de guerre ayant d’importants besoins en matériel, une spécification fut émise et différents constructeurs répondirent à l’appel: IWC (Suisse), Wempe, Laco, Stowa, Lange & Söhne (Allemagne, parfois en utilisant des ébauches suisses). Tous ces modèles se ressemblent extérieurement, l’aspect général étant assez précisément spécifié. Les boites, grises, font 55mm de diamètre et les grandes couronnes peuvent être utilisées avec des gants de vol; ce ne sont pas des montres de poignet même si elles en ont la forme.

Le mouvement Unitas, coté cadran

Côté ponts; on note le joint d’étanchéité en cuir sur la couronne.

La version réalisée par Walter Storz (Stowa) est basée sur une ébauche suisse Unitas de très bonne qualité, l’ajustage et les finitions sont très soignés. Les rubis sont notamment bombés pour réduire les frottements, alors qu’ils sont plats dans la plupart des montres. Conformément aux spécifications, une seconde centrale est ajoutée ainsi qu’un micro régulateur à col de cygne et un levier stop permettant d’arrêter le balancier et de synchroniser la montre. Ces ajouts sont rares sur un mouvement de 18 lignes principalement destiné à des montres de poche.

Le dispositif d’arrêt du balancier

Détail d’un rubis bombé, mouvement totalement démonté

Les différentes mentions administratives gravées à l’intérieur

Le dessin de son cadran, encore populaire aujourd’hui, est toujours d’actualité et de nombreuses déclinaisons en sont proposées, à tous les niveaux de prix et de finition, avec plus ou moins de bonheur stylistique et d’intérêt horloger.

Quelques références :
un expert en montres militaires, K. Knirim
un exemple de la gamme actuelle IWC « Flieger »
la maque Stowa existe encore

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Lemania « Majetek Vojenske Spravy »

Lemania était une manufacture suisse, bien connue des collectionneurs pour ses montres militaires. Elle a en effet fourni des chronographes à la RAF britannique, à l’armée suédoise, … Ses ébauches ont aussi servi de base à d’autres fabricants, comme Omega qui a basé sa Speedmaster « Moonwatch » sur une ébauche Lemania. Plus récemment, le chronographe Lemania 5100 a été monté dans de nombreuses montres tant civiles que militaires, et a été utilisé par les pilotes d’hélicoptères de la Bundeswehr.

Une Lemania « Majetek Vojenske Spravy », montre suisse construite spécialement pour l’armée tchèque (années 1950)

« Majetek Vojenske Spravy » signifie « propriété de l’administration militaire »: la mention occupe tout le fond de la boite, accompagnée d’un numéro unique d’inventaire, usuellement 3 ou 4 chiffres. Cette montre n’a jamais été disponible dans le marché public civil, il n’y a pas de nom de modèle particulier, les collectionneurs ont donc pris l’habitude de l’appeler la « Lemania Majetek ».

Les marquages du fond de boite

Durant l’entre deux guerres, l’administration militaire tchèque a commencé par utiliser des Longines, non antichoc avec petite seconde, leur design étant déjà ancien. Après guerre, des montres plus modernes font leur apparition: la Lemania, une Eterna de forme équivalente, et même des montres soviétiques (Pobeda, chronographes Strela 3017), toutes portent des marques d’identification militaire. Eterna se consacrant à l’époque peut-être moins que Lemania à la production de montres militaires exotiques, son modèle pouvait se trouver sur le marché civil, sans les marques militaires. La Lemania est motorisée par le calibre 3050, un mouvement à seconde centrale indirecte, remontage manuel, sans fioriture mais bien exécuté. Deux détails le distinguent de l’ordinaire à mes yeux, le ressort de friction de la seconde porte un rubis, et la roue de couronne a une double denture, à l’ancienne.

La roue de couronne

La boite a une forme peu commune et sa taille est remarquable: fine (9mm) et large (38mm hors couronne); anguleuse, elle contraste avec la production horlogère des années 50.

Polissage léger de la boite, à la main pour conserver les angles vifs

L’esthétique « vintage » est à la mode, Eterna glisse sur cette vague comme les autres marques et a donc ressorti des cartons la forme de l’Eterna « Majetek », la concurrente de la Lemania à l’époque. Munie d’un mouvement moderne, elle est devenue automatique et porte un guichet de date.

La réédition de l’Eterna

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Chronographe cal. 31659

J’ai déjà écrit une courte présentation de ces chronos militaires soviétiques (cliquer ici). Celui-ci a été acheté à Moscou en 1991 ou 1992 par son précédent propriétaire, un Allemand, qui l’a porté puis rangé quand il a cessé de fonctionner. Lorsqu’il est arrivé dans l’atelier, il semblait en bon état mais était bloqué. Le mouvement est pourtant solide, monté avec antichoc. Le balancier est OK, l’embrayage du chrono ne bloque pas la montre, il faut démonter pour voir plus loin, et finalement on trouve…

Une roue édentée!

Le rochet du barillet a perdu 12 dents, qui sont bien sûr allées se promener partout pour finalement bloquer le rouage. Panne rare, autant de dents cassées fait penser à un acier mal trempé, trop cassant. Pièce irréparable, donc à changer.

Profitons-en pour regarder à l’intérieur, en particulier au niveau du levier stop, ce qui fait la différence avec le calibre 3133 plus courant. Ce levier arrête le balancier lorsque la couronne est tirée pour la mise à l’heure:

La différence avec le 3133

Avec un tournevis 0.6mm pour l’échelle:

Vue du levier stop

Rouage et éléments du chronographe

Le mouvement de base (sans les fonctions chrono) est parfois très simple, c’est ici le cas : petite seconde, grand diamètre, 21600 A/h, très bien en terme de simplicité et de précision.

Le mouvement de base

On peut voir de gauche à droite : la roue entraineuse et l’ensemble d’embrayage, le pont de chronographe avec les mobiles de chronographe et de compteur minutes, la bascule inter compteurs, les leviers de commande (marche/arrêt et remise à zéro). Des vis partout, ne pas confondre vis simple et excentriques de réglage.

Les pièces du chronographe, moins la came et les marteaux

Chaque fonction (comptage des secondes, des minutes, remise à zéro, couplage du chrono, …) est déclenchée par la came qui centralise les commandes des leviers. La came est ici montée sous les marteaux de remise à zéro:

La came

Côté cadran

Les Soviétiques n’utilisaient pas de systèmes antichoc occidentaux, ils avaient eux-mêmes développé de nombreuses solutions. Celui-ci ressemble à un Incabloc, mais les lyres ne sont pas articulées et doivent être démontées (!!) pour pouvoir accéder aux rubis:

Antichoc à la soviétique, plus embêtant qu’un Incabloc

Tout est remonté et réglé, elle est maintenant prête pour sa nouvelle carrière.

Après remontage

Un chronographe soviétique militaire 31659 ‘Sturmanskie’

Note: Ce chrono ressemble beaucoup au Valjoux 7734, mais avec un plus petit balancier/une fréquence plus élevée et plus de rubis. Je n’ai pas non plus cherché à mélanger des pièces mais je pense que rien n’est directement compatible. Les Soviétiques se sont inspirés du Valjoux de manière évidente mais n’ont pas cherché à en faire une copie carbone!

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Sturmanskie de l’armée de l’air soviétique, cal. 31659

Le chronographe « Sturmanskie » (Штурманские, navigateur en russe) était une montre de dotation de l’armée de l’air soviétique, jamais disponible commercialement. Le mouvement était produit par la 1re usine de montres de Moscou, nommée « Kirov » en l’honneur de l’homme politique asassiné en 1934 et plus tard plus connue comme l’usine Poljot. Dans les années 50 le nom désignait une montre simple, avec levier stop. Il a été réutilisé au début des années 80 pour désigner un chronographe tout acier utilisant le bien connu calibre Poljot 3133. De nombreuses versions civiles en ont été dérivées, avec une grande variété de cadrans, toujours en boites laiton chromé.

En 1987 la dernière version fut introduite: nouveau cadran sans télémètre, boite modifiée (toujours tout acier), aiguilles spéciales bleutées et un mouvement rarement vu dans des montres civiles, le Poljot 31659, un 3133 augmenté d’un levier stop. entre 1987 et 1991, quelques variantes de cadrans peuvent être rencontrées. En voici trois:

Trois Sturmanskie de l’armée de l’air soviétique

Le cadran gris clair est le plus courant, il fut fabriqué de 1987 à 1991 et utilisé dans des montres civiles en boite chromée. The cadran gris sur gris ne fut fabriqué qu’en 1987, les mouvements de ces montres semblent toujours avoir la date sur le pont de balancier. The cadran bleu clair/turquoise est plus rare, il date de 1989 approximativement.

Une Sturmanskie de 1987

Une Sturmanskie tardive, gris clair

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